Retour vers d’où je viens

La voiture c’est fini. Je suis un piéton. Ça me change. Voilà près de 15 ans que j’ai une voiture pour faire tous mes déplacements. Je dois avouer, j’ai toujours eu de la chance de ce côté là : les parents qui me prêtaient leur voiture, ma propre voiture puis une voiture de société. Je n’ai jamais vraiment du prendre les transports en commun. J’ai donc pris le bus ce matin pour me rendre à mon rendez-vous de 11h en centre ville.  La TEC, ahhh la TEC. La société  des transports en communs et leur réseau hyper fourni, hyper précis… Vous ressentez une point d’ironie? C’est tout à fait le cas. J’habite à 30km de la ville et j’ai 3 bus le matin pour aller en ville et 3 bus le soir pour rentrer. Je me dépêche donc de prendre le bus de 9h06, à quelques enjambées de chez moi. Je dois avouer que j’ai été agréablement surpris d’avoir un bus à l’heure, et dans des prix raisonnables (3,5€ le trajet de 90 minutes, je m’attendais à bien pire). Me voilà donc dans un bus bondé d’étudiants quittant les campagnes pour aller étudier à la ville. So cliché! Arrivé à mi-chemin, le bus s’arrête et tout le monde descend. Après quelques minutes, le chauffeur me demande où je vais. Je lui répond que je vais à Liège, c’est pour ça que je prends la ligne 90 Ocquier-Liège. Et là il me sourit et me dit: “Monsieur, ici c’est mon terminus. Si vous voulez à Liège vous devez changer de bus. Celui de 9h06 ne fait que la moitié du chemin”. Là, je me suis rendu compte que j’avais été déconnecté des transports en commun pour un sacré bout de temps. Une ligne qui fait Ocquier-Liège ne va pas forcément à Liège! C’est logique non ? De la logique belge sans doute… J’ai donc pris la ligne 94 pour me rendre en ville. Un bus encore plus bondé, pas de place assise, tout le monde serré, le chauffeur qui ne s’arrête pas aux arrêts, qui n’ouvre pas les portes et qui jure en wallon parce que les gens ne descendent pas assez vite du bus. Tellement drôle au fond. J’ai apprécié ce moment, profitant de chaque instant à voir les attitudes et réactions des gens. C’est comme ça chez moi, c’est de là que je viens.

Pour ne pas cracher complètement sur tout, le voyage s’est bien passé, et le bus était finalement à l’heure (ou pas trop en retard disons). Pour le retour, je me suis dit que j’allais tenter une autre expérience, le retour en train. Je me suis donc rendu dans notre célébrissime gare de Liège. Comment ça ? Vous n’êtes pas au courant de sa célébrité? Je vais vous donner trois raisons pour lesquelles cette gare est célèbre :

Premièrement, son architecte est un architecte espagnol très connu : Santiago Calatrava. Il a notamment réalisé la cité des arts et des sciences et l’Opréa de Valence et le pont suspendu tu tramway de Jérusalem. Visiblement, on le connait aussi pour son non respect des budgets et des délais et pour quelques affaires de corruption, enfin rien de bien grave… Il faut le reconnaitre, la gare est belle, mais je ne pense pas que la ville avait réellement besoin de ça. Mais peut importe. Par contre, Santiago, si tu me lis, peux-tu m’expliquer pourquoi tu nous as fait une gare, en forme d’aile d’avion sans portes, sans banc et complètement vitrée… en Belgique ? Mec, ça caille sur les quais, on est pas en Espagne ici !!!!

Deuxièmement, le spectacle de son inauguration a été mis en scène par Franco Dragone himslef. Non, je ne trouve pas ça surfait du tout… En réalité, ce qui me fait rire, c’est d’imaginer la réunion des dirigeants de la ville lorsqu’ils se sont réunis pour brainstormer sur la nouvelle gare :

“Mesdames, messieurs, merci d’être présent aujourd’hui. Pour vous placer un peu le contexte, notre ville est sur une artère ferroviaire à grande vitesse, nous devons nous en montrer fiers et modifier quelques peu nos infrastructures. Le but de la réunion d’aujourd’hui est de trouver des idées pour ce nouveau projet. Je vous donne juste les quelques petites contraintes : on a pas beaucoup de temps et on a pas beaucoup de sous. A vos méninges!”

Et là, moi, j’imagine un mec avec un accent un peu pédant, les jambes croisées et jouant avec sa moustache, dire : “Je pense qu’intrinsèquement parlant et nonobstant les contraintes émises, il nous faudrait un architecte de renom, un spectacle grandiose, et quelques impôts supplémentaires pour combler le budget.” “Quelle idée brillante ! Fin de la réunion, merci !” Ok, j’exagère peut-être un peu, voire beaucoup. Vous aurez compris mon avis, moi je n’aurais pas vu si grand. Je vous laisse juger l’inauguration par vous même:

Troisièmement, et cette raison me tient beaucoup à cœur, la gare des Guillemins a été utilisée comme décor pour un film que j’adore : Les Gardiens de la Galaxie. Les studios Marvel se sont en réalité inspirés des œuvres de l’architecte pour créer la planète Xandar. Dans les débuts du premier opus, une scène se déroule sur cette planète et on y voit très clairement et la gare.  C’est mon ego de liégeois qui parle là.

Après cette petite digression sur la gare, revenons à la logique belge implacable. Je me dirige vers la borne pour acheter un ticket, jusque là tout va bien. J’achète mon ticket, moins cher que le bus, ça me va. Puis de toute façon j’avais envie de prendre le train. Direction Tilff, le village de mon enfance. J’avais envie d’y repasser un peu avant de partir sur Strasbourg. Ticket en main, fier, je me dirige vers l’intérieur de la gare pour y chercher l’horaire de mon train. Et bien vous savez quoi ? Les horaires ne sont pas affichés dans la gare… il faut monter sur les quais pour trouver les horaires. Maintenant que j’y pense, Santiago, si tu me lis, mec, t’aurais pu prévoir un mur pour afficher les horaires dans la gare, là où il fait chaud et où il y a des bancs !

Rien à dire sur les horaires, le train était à l’heure et était propre et neuf. Je n’avais pas ce souvenir là, donc j’ai été agréablement surpris. Me voilà dans mon village d’enfance, à Tilff, cité des Porais (c’est un poireau pour ceux qui ne parlent pas le wallon). Oui, nous sommes tous des poireaux à Tilff 🙂 J’ai grandi dans ce village, je l’ai vu se transformer. J’ai vu la piscine communale être abandonnée pour devenir un terrain presque vague, le fameux pont qui est en travaux depuis des dizaines d’années (délai non aberrant en Wallonie), bref un village qui évolue. J’aime toujours venir me balader ici. Il y a le cours d’eau, le parc, plusieurs petits commerces très agréables. Puis la friterie de la place, où je n’ai pu m’empêcher de manger une bonne frite belge avant de modifier mon régime alimentaire vers des bretzels et des tartes flambées. Assis sur un banc de la place de l’église, une petite frite, une viandelle, et de la mayo, les cloches de l’église, le bruit du passage à niveau, ma petite madeleine de Proust.

Après tout ça, il fallait bien que je me pose, j’avais a peu près prix 18 000 000 de calories d’un coup. Je me suis donc posé à mon endroit favori depuis quelques mois : La Théière Céleste. Je vous en parlerai dans un prochain article.

Voilà, j’ai fait un petit “retour vers d’où je viens” car il ne faut jamais oublier d’où on vient. Merci de votre lecture.

 

One thought on “Retour vers d’où je viens”

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.